Jean-Marie Messier revient longuement sur l’effondrement des crédits hypothécaires américains, la faillite de la banque Lehman Brothers et les failles qu’elle a révélées… La tentative est belle, mais ne convainc pas. Pour l’auteur, Le jour où le ciel nous est tombé sur la tête est celui où le gouvernement américain, à l’automne 2008, a laissé tomber Lehman Brothers provoquant une chute qui a ébranlé le monde entier. Le résumé fait par Jean-Marie Messier de la situation est juste, comme bien d’autres écrits sur le sujet, mais le témoignage personnel trop maigre, l’analyse peu originale, le ton inapproprié.
Pour obtenir les mêmes informations, une lecture croisée de dossiers de presse et quelques consultations d’interviews d’économistes, glanées sur Internet au détour de quelques clics, font tout aussi bien l’affaire. Pour assainir le système économique et financier, l’auteur donne des solutions maintes fois avancées. Le livre est ponctué de phrases chocs, d’accroches plus ou moins séduisantes, de familiarités parfois adaptées. Mais les citations de Wilde ou de Michel Audiard ne peuvent pas tout et, surtout, ne rendent pas légitime un récit qui ne l’est pas par nature. Comme le dit son éditeur, l’homme se sentait en bonne posture pour apporter sa contribution à l’étude du système financier actuel. On ne compte pas ses allégations visant à encourager un « capitalisme plus tempéré », doté d’une «responsabilité éthique » qui placerait l’homme au centre des échanges.
Il clame l’absolue nécessité de mettre « la finance au service de l’économie », et non l’inverse, se veut le défenseur des plus nobles valeurs et décrie sans retenue les irrégularités, les comportements néfastes et « l’irresponsabilité des grands patrons ». Plutôt osé de la part d’un ancien dirigeant qui défrayait la chronique à cause des revenus astronomiques qu’il recevait à la tête de Vivendi. Son retour sur le devant de la scène fait resurgir dans les médias les qualificatifs les plus sévères. Même si quelques années ont passé, les Français n’ont visiblement pas oublié l’homme qui avait fait aménager un Airbus A319 pour son confort personnel, affrétait un hélicoptère pour se rendre à Manhattan. Sans parler des critiques dont il fait l’objet sur un plan purement professionnel : Jean-Marie Messier est toujours poursuivi par la justice, notamment pour sa communication financière particulièrement optimiste. « Le groupe va mieux que bien », déclarait-il en 2002 alors que Vivendi perdait 13 milliards de dollars, soit 10 milliards d’euros.
Le jour où le ciel nous est tombé sur la tête
de Jean-Marie Messier
Éditions du Seuil (janvier 2009)
327 pages, 21 euros