Aussi nuisible soit-elle, la piqûre du moustique est un modèle de précision : effectuée à la profondeur idéale, elle combine l’injection d’un anticoagulant et le prélèvement d’une dose de sang grâce aux cinq capteurs sensoriels et aux deux pompes de l’insecte. La société Eveon, fondée il y a deux ans et demi, en France, à Montbonnot-Saint-Martin (Isère), est née du pari un peu fou de reproduire cette performance du moustique pour élaborer un système d’injection automatique et sécurisé de médicaments. Couronnée par les prix Émergence puis Développement du Concours national d’aide à la création d’entreprise de technologies innovantes du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche français, l’idée devient un projet d’entreprise incubé par Grenoble Alpes Incubation (GRAIN). Depuis, d’autres partenariats ont été signés avec Grenoble INP (actionnaire d’Eveon), Minatec, Minalogic, CEA, Lyonbiopôle…
Injecteurs monodose et multidoses
Eveon propose ainsi le premier dispositif médical d’injection entièrement automatisé et sécurisé permettant de généraliser diverses sortes d’auto-injections. La société iséroise entend développer plusieurs familles d’injecteurs monodose ou multidoses à usage unique ou rechargeable : intramusculaire, intradermique et sous-cutanée. L’opération se déroule en trois étapes : le dispositif est armé et positionné sur le site d’injection ; l’aiguille s’enfonce dans la peau et le médicament est injecté, le tout automatiquement ; et enfin, l’aiguille se rétracte, le dispositif se verrouille. « C’est une micropompe qui permet de réaliser l’injection automatiquement », explique Vincent Tempelaere, 45 ans, président d’Eveon.
« Une diode s’allume quand le dispositif est armé et l’injection se fait toute seule. Et quand l’aiguille se rétracte, la diode change de couleur. » Les avantages que présente ce système par rapport aux injections classiques sont évidents : l’aiguille est invisible et reste inaccessible avant, pendant et après injection – ce qui est quand même plus sûr ! –, le volume mort est réduit à quelques microlitres et les auto-injections sont réalisées en seulement trois étapes. « Des capteurs intégrés détectent la peau. La descente de l’aiguille et l’injection sont ainsi totalement sécurisées », ajoute Valérie Roux-Jallet, 43 ans, docteur ingénieur en bio-matériaux et cofondatrice de la société Eveon. Le dispositif a vocation à être réutilisable pendant deux ans (batterie et carte électronique), seules la cartouche de médicaments et l’aiguille sont changées à chaque injection.
Pour les produits visqueux et lyophilisés
Paramétré pour chaque molécule, il s’adapte à tous les systèmes (flacons en verre ou cartouches). L’industrie pharmaceutique n’a pas à modifier le contenant de ses molécules. L’avantage de ce système vaut aussi pour les produits visqueux et pour les produits lyophilisés (molécules en poudre devant être réhydratées avant injection avec du solvant) qui peuvent être réhydratés in situ, automatiquement. Eveon se propose de développer à façon et de fabriquer des dispositifs médicaux d’injection ou de prélèvement à partir du cahier des charges de ses clients, les laboratoires pharmaceutiques et de biotechnologie. Toutes ses solutions sont construites à partir d’un ensemble configurable de « briques technologiques » pouvant être assemblées en fonction de critères précis comme la viscosité de la solution, la durée d’injection, le volume à injecter ou à prélever, la température, l’aiguille, le type et la profondeur d’injection ou de prélèvement… Afin de garantir les dispositifs médicaux qui satisfont aux exigences de ses clients et aux exigences d’assurance qualité, Eveon a mis en place un système d’assurance-qualité, qui devrait être certifié ISO13485 dès la fin du premier semestre de cette année.
Plus d’informations sur www.eveon.eu
Chiffres clés
• Fondée fin 2008
• 14 employés (22 d’ici fin 2011)
• 7 brevets internationaux
Source : Eveon – janvier 2011