Entre Google et la Commission européenne c’est une grande histoire d’amour… qui finira mal ? En 2016 déjà la Commission européenne ordonnait à l’Irlande de récupérer les cadeaux fiscaux que l’île avait octroyés au géant américain durant plusieurs années (13 milliards d’euros d’impôts impayés), cette semaine la Commission a décidé de lourdement sanctionner -une nouvelle fois- le moteur de recherche le plus populaire au monde, pour abus de position dominante, ce dernier ayant favorisé son comparateur de prix «Google Shopping» au détriment des consommateurs européens.

2,42 milliards d’euros d’amende infligés à Google pour abus de position dominante ! Un ordre de somme extravagant mais avec le moteur de recherche le plus utilisé dans le monde, on est tout de suite dans des sommes astronomiques, preuve de sa puissance hégémonique. Et cette hégémonie, Google l’utilise depuis longtemps à ses propres fins en développant ses propres programmes utilitaires au détriment des concurrents. C’est en tout cas ce que lui reproche l’Europe avec la prédominance de son propre service de comparaison de prix, Google Shopping, qui a renvoyé aux oubliettes de la page 2 du moteur de recherches (la fameuse page fantôme que personne ne visite) les autres comparateurs de prix historiques. «Google a ainsi privé les consommateurs du bénéfice d’un choix de services et il a freiné l’innovation», martèle Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence.

La Commission européenne veut prévenir la monopolisation de Google

Dans sa décision, Bruxelles octroie 90 jours à Google pour mettre fin à ses pratiques discriminatoires, sous peine de saler un peu plus la note dans les semaines à venir. Des pénalités qui pourraient atteindre jusqu’à 5% du chiffre d’affaires de la maison mère de Google, Alphabet (90 milliards de dollars de CA). Le géant américain se retrouve donc dans une position défensive et se doit de faire des propositions afin d’équilibrer son offre de comparateur de prix avec ses concurrents directs comme Kelkoo. Après des études et analyses menées par l’Europe sur la question de la représentativité et de la visibilité sur les pages de recherches, il est constaté que les sites arrivant en haut de page obtenaient 35% de clics de plus que le suivant. «Même si ces conclusions sont très intuitives, nous avons veillé à les étayer par des faits», précise Margrethe Vestager. Google de son côté a confirmé la contestation de la décision européenne devant la justice.

Des sanctions de plus en plus salées

Outre les 13 milliards de cadeaux fiscaux que l’Europe somme à l’Irlande de récupérer auprès de Google et qui engagent à la fois l’île et la marque américaine de rendre le manque à gagner fiscal, cette sanction de plus de 2 milliards d’euros est la plus importante jamais prononcée par l’Europe envers une enseigne, le dernier record étant la sanction de 1,06 milliard d’euros, prononcée contre Intel en 2009.

Vers un cas un de jurisprudence ?

Mais au-delà du prix record de l’amende, cette décision est historique par sa dimension de réglementation, en actant la «position dominante de Google» dans la recherche en ligne. La Commissaire européenne n’a pas manqué de rappeler que Google détient plus de 80% de parts de marché dans la plupart des pays européens. Ce point est primordial et devrait servir de base à d’autres investigations contre le géant américain. A court terme les comparateurs de prix ne seront sans doute pas les seuls objets litigieux et d’autres «services googliens» vont être analysées par la Commission européenne : Maps, Images, Voyages, etc. Pour autant on précise que «chaque marché sera analysé» et cette décision «ne présage en rien des autres» .
Est-ce que Google doit désormais marcher sur des œufs et est-ce que son hégémonie qui jusque là a fait sa force ne devient-elle pas un peu irritante ? Qui plus est la Commission continue ses investigations dans les dossiers Android, où Google est à nouveaux soupçonnés de position dominante, et sur la publicité en ligne.

«Il y avait 400 comparateurs de prix en Europe avant 2008, date à laquelle Google a lancé le sien, il en reste entre 15 et 20», souligne Eric Léandri, le co-président de l’Open Internet Project et partie civile dans ce dossier.

Des concurrents qui espèrent des jours meilleurs

Une affaire qui rassure Richard Stables le Pdg de Kelkoo :«C’est un grand jour pour le secteur et pour les consommateurs en Europe. Avec cette décision, la Commission admet que Google a enfreint la loi et doit maintenant cesser ses abus afin de permettre le retour à un marché concurrentiel» et de rajouter que «Kelkoo a perdu dix années de développement et de croissance, mais cette décision va nous permettre de nous concentrer sur l’innovation et de fournir aux consommateurs un choix plus large et des prix plus bas. C’est ce qui est vraiment enthousiasmant !».

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