La crise financière, héroïne de l’assemblée générale de l’Association ibéro-américaine des chambres de commerce

126
Du 11 au 15 septembre dernier, l’Association ibéro-américaine des chambres de commerce (Aico) a choisi la ville de Puebla, au Mexique, pour son assemblée générale. Au menu : la crise financière, qui a eu des répercussions différentes pour chacune des Chambres.

« La situation de nos membres est aussi variée que l’est celle des pays ibéro-américains », explique le président de l’Aico, Ambrosio Bertolotti. L’Association représente les Chambres de vingt-deux pays d’Amérique, des Caraïbes et de la péninsule ibérique. « Certains, comme le Brésil ou l’Uruguay, sont sortis de la récession. D’autres, comme le Chili et la Colombie, devraient prendre le même chemin, mais l’économie de pays tels que le Mexique ou l’Espagne reste paralysée », précise l’Uruguayen à la tête de l’Aico depuis 2009. Une grande diversité d’état d’esprit – « des plus optimistes au plus pessimistes » – a donc marqué cette 36e assemblée générale. L’ensemble des membres s’est toutefois montré inquiet face à la hausse générale du chômage et les lentes perspectives de récupération des postes de travail. « Cette situation provoque une hausse de l’informalité et les gouvernements devront donc faire attention au moment d’augmenter les impôts et le nombre de lois, car tout cela va aller à l’encontre de l’emploi formel », se préoccupe le président de l’Aico.

 

Dans ce contexte de crise internationale, l’Association a présenté pour la première fois un rapport sur « la conjoncture économique et les perspectives des pays ibéro-américains », élaboré à partir d’informations fournies par chacun des membres. Autre nouveauté : l’élaboration du « Décalogue des valeurs », un document original qui édicte dix principes que les Chambres s’engagent à promouvoir et à respecter. « Nous sommes convaincus que la crise a été causée, entre autres raisons, par un manque de transparence et d’honnêteté dans l’information transmise aux investisseurs et aux acheteurs », explique Ambrosio Bertolotti. Or, selon lui, « tout cela ne se résoudra pas en mettant en place des lois, qui ont prouvé leur manque d’efficacité, mais avec un système d’autorégulation de notre activité à travers la promotion de valeurs. » L’idée est née lors de la réunion du conseil de direction, qui a eu lieu à Tegucigalpa, au Honduras, en début d’année, et a été ratifiée à Puebla. Le premier principe sur lequel insiste le décalogue est celui de la liberté : « La liberté au sens large du terme et, en particulier, la liberté d’entreprise et de l’économie de marché », définit le document. Respect de l’ordre juridique et de la propriété privée, éthique et transparence, responsabilité sociale de l’entreprise, respect et communication avec les employés. Autant de valeurs mises en avant dans ce document, qui insiste aussi sur « la justice comme unique moyen pour trouver une solution aux conflits », l’engagement à la protection de l’environnement ou encore l’importance de la coopération entre les secteurs public et privé.

 

Les représentants des Chambres de l’Association s’engagent enfin à promouvoir la culture du travail et l’esprit d’entreprendre. « On est certain que notre rôle est de promouvoir ces valeurs qui, bien qu’elles soient connues, ne peuvent que rendre plus digne le travail des entrepreneurs », insiste le président Bertolotti. L’Aico a aussi profité de son assemblée générale pour dénoncer, sans les nommer, l’attitude de certains gouvernements qui aggravent la crise par « des politiques injustifiables portant atteinte à l’investissement productif et à l’échange de biens et de services ». Dans la Déclaration de Puebla, l’Association « condamne ces conduites restreignant le commerce international, qui est un droit des peuples et un bien suprême allant au-delà des idéologies et des vieilles pratiques protectionnistes sans fondement ». Pour son président, l’objectif de l’Aico durant l’année qui s’annonce sera donc de poursuivre la défense du libre-échange et de la libre-entreprise « face à ces essais de protectionnisme ». « Nous avons aussi l’espoir que le secteur politique finisse par comprendre que pour obtenir de meilleurs indicateurs sociaux et économiques, les secteurs public et privé doivent travailler main dans la main en respectant les cadres d’action de chacun au lieu de charger notre secteur de règlements excessifs et peu nécessaires », conclut Ambrosio Bertolotti, dont la présidence sera remise en jeu en 2010.

Article précédentAfrique du sud 2009: la Coupe du monde de tout un continent
Article suivantLa loi de Finances complémentaire 2009 adoptée par l’Algérie fait des émules à Marseille