Les hôtels de luxe parient sur le Pérou

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Si la crise financière a eu de fortes répercussions sur le tourisme international, elle n’a pas découragé les hôtels 5 étoiles et plus qui ont décidé de s’installer dans le pays. Misant sur le « touriste de luxe », ils inaugurent une nouvelle offre qui manquait au marché péruvien.

À trois heures de route au sud de la capitale, Lima, Paracas est connu pour sa réserve naturelle abritant loups de mer et faune maritime, mais aussi pour son désert de sable qui offre au voyageur des paysages hors du commun. Situé sur la route rejoignant Nazca et ses célèbres géoglyphes, Paracas était jusque-là considéré comme une étape pour des touristes de passage. Tout cela pourrait cependant changer avec l’arrivée dans la zone, depuis quelques mois, de plusieurs hôtels très haut de gamme. « On espère faire de Paracas, une véritable destination balnéaire à deux pas de Lima », lance ainsi Carlos Rangel, responsable communication de l’hôtel Double Tree Guest suites by Hilton, un établissement 5 étoiles qui a ouvert ses portes en mars, à quelques mètres de la Réserve. Équipé d’une piscine de 750 m2 et de 124 « chambres-suites », l’hôtel a représenté un investissement de 15 millions de dollars (10 millions d’euros), très bienvenu pour la région qui a perdu une grande partie de ses infrastructures en 2007, lors d’un terrible tremblement de terre. Autre installation significative : la chaîne hôtelière Libertador inaugure en décembre un immense complexe 5 étoiles reconstruit pour 30 millions de dollars (20 millions d’euros) sur les ruines de l’hôtel Paracas, terrassé par le séisme.

 

D’autres groupes ayant aussi annoncé leur arrivée prochaine dans la zone, le développement hôtelier haut standing de la baie ne fait que commencer. Tous parient sur une clientèle dite de « luxe » qui semble avoir fait du Pérou l’une de ses destinations privilégiées. « Malgré la crise financière internationale qui a fortement touché le tourisme dans le pays, le marché du luxe, lui, s’est maintenu », a ainsi confirmé en septembre le ministre du Commerce extérieur et du Tourisme, Martin Pérez, selon qui « ce genre de touriste peut rester entre trois et sept jours dans un endroit et dépenser jusqu’à 1 000 dollars par jour (667 euros) en logement, alimentation et transport. » Les dépenses moyennes des touristes visitant le pays ont en outre augmenté de 40 % durant les cinq dernières années, atteignant 89 dollars (59 euros) par jour en moyenne. À l’image de Paracas, une offre touristique de luxe est en train de se développer au Pérou. « Ce secteur relativement neuf est encore petit dans le pays, mais il est en pleine croissance », reconnaît José Koechlin, président de la Société des hôtels du Pérou (SHP). En 2009, neuf hôtels très haut de gamme (cinq 5 étoiles et quatre boutiques-hôtels) ont ainsi ouvert leurs portes, notamment dans la Vallée sacrée, proche de Cusco, qui mène au célèbre Machu Picchu, et la SHP assure que de nombreuses inaugurations similaires sont déjà prévues pour 2010.

 

Plus de 2,2 millions de touristes attendus en 2010
En début d’année, les opérateurs touristiques ne cachaient pas leur inquiétude. Le succès du Machu Picchu, de Cusco – l’ancienne capitale de l’empire Inca – ou encore du lac Titicaca au sud semblent cependant avoir protégé le pays andin des effets dévastateurs qu’a eu la crise financière sur le tourisme international. « Sur les six premiers mois de l’année, le nombre de touristes a augmenté de 0,5 % par rapport à l’an passé, et nous serons satisfaits si l’on maintient ce niveau sur l’ensemble de 2009, car c’est déjà un très bon résultat vu le contexte mondial », confie Mara Seminario, la directrice du tourisme de Prom-Peru, une entité gouvernementale. Le pays, qui a passé la barre symbolique des 2 millions de visiteurs en 2008, compte rapidement retrouver le rythme de croissance très élevée enregistré au cours des dernières années. Pour 2010, l’objectif est ainsi que le nombre de touristes puisse croître de 10 %. Pour ce faire, le Pérou continuera à promouvoir de nouvelles destinations afin que le touriste qui le souhaite puisse sortir de la traditionnelle « route du Sud » et du désormais classique Machu Picchu. « La visite des ruines pré-inca de la Cordillère blanche et de la côte Pacifique remporte un succès croissant », se félicite la responsable de Prom Peru, qui développe aussi (depuis peu) une forme de tourisme culturel permettant de passer du temps au sein d’un village des Andes ou d’Amazonie. Un moyen pour les villageois de participer au développement touristique de leur région et de profiter des retombées économiques qu’il engendre.

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