Plutôt blouson ou paletot ?

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Avec les premières gouttes de pluie et la brume de l’automne, le costume mérite une protection. Êtes-vous plutôt blouson ou paletot ? Sachez bien que le blouson vous donnera une allure sportive, dure, virile. À scooter, le perfecto en cuir demeure indémodable ; le caban, par contre, prend une ride de has-been, car la création de la mode masculine évolue très vite ces dernières années. Elle risque de donner le vertige aux détracteurs du shopping. Désormais, les hommes sont invités à changer leur vestiaire au moins toutes les deux saisons s’ils veulent rester dans l’air du temps. Le choix du blouson ou du manteau permet d’exprimer un style, son caractère, son âme. Les deux sont franchement virils, mais l’élégance s’affiche indéniablement à travers le manteau. Même à scooter, un long pardessus en nylon, à manches raglan, est bien plus classe que le blouson juvénile.

 

Cette saison, le large choix de coupes de manteaux atteint l’aboutissement d’une évolution masculine qui démarra au début du XIXe siècle lorsque le manteau devient une protection contre les intempéries. Auparavant, il servait plutôt à afficher sa position sociale. La toge fut le vêtement du citoyen libre de la Rome antique. Au Moyen-Âge, les nobles se sont vêtus en houppelande, parfois avec des manches jusqu’au sol. Charles le Grand s’est emmitouflé dans « un grand manteau », vêtement des rois et des empereurs. La redingote (symbolisant « raining coat » ou « riding coat ») fait son apparition au début du XIXe siècle. Équipée d’une cape dans l’Angleterre victorienne, il est surtout porté par les notaires, les avocats, les financiers et la grande bourgeoisie, et perd la cape après l’époque édouardienne.

 

Puis apparaît le Chesterfield, un manteau de ville à boutonnage dissimulé. Enfin, en 1880, le « réformateur vestimentaire » du comté du Hampshire, Thomas Burberry, entame une révolution en fabriquant une étoffe très résistante, réalisée à partir de longues fibres de coton d’Égypte, tissées serré qu’il traite ensuite par un procédé d’imperméabilisation à nul autre pareil. C’est la naissance de la gabardine. Burberry en confectionnera un manteau à manche raglan et à dix boutons, équipé de pattes de serrage aux poignets. Les pattes d’épaulette permettent de fixer les galons, les gants de cuir ou de maintenir la sangle d’un sac. Car ce manteau qui résiste au vent et à la pluie fut le vêtement de prédilection des explorateurs, des chasseurs, des conducteurs d’automobiles et des armées. Pendant la Première Guerre mondiale, un demi-million de « poilus » des Forces alliées portent des gabardines Burberry.

 

Le ministère de la Guerre passe même commande pour adapter ce premier modèle aux besoins des soldats. Le fameux « trench-coat » qui a survécu jusqu’à nos jours fut doté d’une ceinture afin de suspendre les grenades, les cartes et les flasques. Les courroies fixées aux épaulettes permettaient de suspendre des jumelles ou un masque à gaz. Toute cette panoplie militaire distingue toujours le trench des autres manteaux. Grâce à Humphery Bogart dans Casablanca, l’ancien manteau de guerre se transforme en accessoire de sex-symbol à partir des années 1950. Avec un revers généreux et un double boutonnage croisé, le trench-coat est sans cesse relancé tout au long du XXe siècle. Cet automne, il défile en version courte, coupé à la hauteur des hanches. (Dries van Noten, Hermès). La marque Burberry les édite en trench-jackett étriqué. Chic et sexy.

 

Le double boutonnage croisé et les larges revers sont également de mise pour les longs manteaux en drap de laine ou en cachemire, souvent gris souris, noirs, bleus canard ou beiges (Cerruti). Ils subliment la silhouette. Coupés courts, mais larges voire en oversize, ils offrent la dégaine branchée de la silhouette de l’ellipse. Longs et amples, ils reflètent le pouvoir et la nonchalance. Les véritables fashion victims choisissent un modèle minimaliste qui cache le costume jusqu’aux chevilles (Acné). C’est la grande mode, lancée par le Belge Kris van Assche chez Dior pour l’été dernier. Sans ceinture en gris souris, noir ou blanc (pour les dandies du dimanche), un tel modèle rend les messieurs plein d’une grâce, un brin théâtrale, idéale pour les représentant des médias et de la publicité. Les chefs d’entreprises, les banquiers et les financiers se contenteront d’un modèle mi-long (Dior), sans revers, sans sex appeal, sobre, simple et droit, mais très élégant.

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