
Durant les séances de coaching avec des dirigeants, certaines phrases reviennent souvent. Toujours dites sur le ton de l’évidence. Comme si c’était des faits gravés dans le marbre. Comme si on ne pouvait pas faire autrement.
«J’ai pas le choix.»
«Je dois rester fort(e).»
«Si je ralentis, tout s’écroule.»
«Ce n’est pas le moment de penser à moi.»
«Je tiendrai encore un peu.»
Ces phrases ne sont pas des erreurs.
Ce sont des mécanismes de protection, forgés avec le temps, dans l’action, dans la pression, dans la solitude.
Mais derrière chacune d’elles se cache souvent un point de rupture non assumé, un besoin étouffé, une peur profonde ou une vision embrouillée.
Et les déconstruire, ce n’est pas les juger. C’est ouvrir une porte vers un leadership plus aligné, plus lucide, plus durable.
“J’ai pas le choix.”
C’est probablement l’une des phrases les plus fréquentes. Elle arrive souvent lorsqu’un dirigeant évoque une situation tendue : un projet à terminer, une équipe à porter, une décision difficile à prendre.
Ce que ça révèle :
👉 Une sensation de prison mentale
👉 Une fatigue du discernement
👉 Et souvent, une croyance que responsabilité = sacrifice total
Ce que ça cache parfois :
• La peur d’assumer un non.
• L’oubli progressif de ses propres priorités.
• Une surcharge mentale qui empêche de voir les options disponibles.
– Pour déconstruire cela :
Remplacer «J’ai pas le choix» par :
Quels choix j’écarte sans m’en rendre compte ?
Qu’est-ce que je crains si je change de posture ?
Ce n’est pas toujours une question d’avoir le choix ou non.
C’est une question de retrouver le pouvoir de se positionner, même dans une contrainte.
“Je dois rester fort(e).”
Derrière cette phrase, il y a souvent de la loyauté.
Loyauté envers l’équipe, envers l’image du dirigeant solide, rassurant, stable.
Mais il y a aussi, parfois, une interdiction intérieure d’exprimer la fatigue, le doute, la vulnérabilité.
Ce que ça révèle :
👉 Une confusion entre force et dureté.
👉 L’idée que si je flanche, tout flanche.
👉 Une solitude émotionnelle souvent installée depuis longtemps.
Ce que ça cache parfois :
• Le besoin profond d’être soutenu, mais jamais formulé.
• Une peur d’être perçu comme moins légitime.
• Une accumulation de tensions jamais déposées.
– Pour déconstruire :
Remplacer «Je dois rester fort(e)» par :
Et si ma force, c’était aussi ma capacité à dire que j’ai besoin de soutien ?
Qui a dit que leadership = invulnérabilité ?
Un dirigeant fort, c’est quelqu’un qui tient debout avec lucidité, pas quelqu’un qui se ferme pour tenir à tout prix.
“Si je ralentis, tout s’écroule.”
Celle-ci est souvent liée à des profils très investis, très impliqués, qui tiennent toute leur structure à bout de bras.
Parfois depuis des mois. Parfois depuis des années.
Ce que ça révèle :
👉 Une posture de pilier absolu.
👉 Une peur de déléguer ou de perdre le contrôle.
👉 Et souvent, une organisation construite autour d’un leadership centralisé.
Ce que ça cache parfois :
• Un manque de confiance (en l’équipe, en le système, en le futur).
• Un refus d’écouter les premiers signaux d’alerte.
• Une confusion entre ralentir et abandonner.
– Pour déconstruire :
Remplacer «Si je ralentis, tout s’écroule» par :
Et si je ralentissais pour que ça tienne mieux, plus longtemps ?
Qu’est-ce qui, en moi, refuse de lâcher, même un peu ?
Il est possible de ralentir sans céder. Et parfois, c’est le seul moyen de durer.
En résumé : Voir ces phrases comme des alarmes🚨
Ces phrases ne sont pas à bannir.
Elles sont des signaux, des alarmes que quelque chose dans le système du dirigeant est à bout, ou en déséquilibre.
Leur répétition n’est pas anodine.
Et les déconstruire ne veut pas dire tout remettre en cause.
Cela veut dire :
✔ Reprendre du recul.
✔ Redonner de l’espace à ses marges de manœuvre.
✔ Et surtout, revenir à une posture de leadership choisie, pas subie.
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