

En 2008, la vente de voitures neuves avait été jugée extraordinaire au Pérou : cette année-là, quelque 92 000 automobiles s’étaient vendues dans le pays. Mais le record est tombé : 120 000 véhicules neufs ont été achetées entre janvier et décembre 2010. Selon l’Association des représentants automobiles du Pérou (Araper), les ventes dans le secteur ont augmenté de 57 %, se récupérant de la meilleure des façons d’une année 2009 difficile qui avait vu les résultats baisser de 18 %. Pour la 19e année consécutive, la Japonaise Toyota s’inscrit largement en tête, après avoir augmenté ses ventes de 62,8 % en 2010. Viennent ensuite la Sud-Coréenne Hyundaï et la Japonaise Nissan. « Le taux d’importation de véhicules neufs a été très élevé cette année, de l’ordre de 20 à 30 %, ce qui est l’un des taux les plus élevés de l’Amérique latine », constate Christian Garay, économiste à la Chambre de commerce de Lima (CCL).
À l’image des voitures, les ventes de produits électrodomestiques ont explosé en 2010. « Sur le seul rayon des téléviseurs, on a enregistré une croissance cumulée de 99 % entre janvier et novembre », dit Christian Garay, qui constate une hausse des ventes dans tous les secteurs en 2010. « Nos ventes ont augmenté de 35 % », confirme avec satisfaction Favian Luna, directeur général de Polinsumos, une entreprise spécialisée dans l’importation et la distribution de matières premières chimiques, qui a facturé 13 millions de dollars (10 millions d’euros) l’an passé. Selon une étude de l’Institut d’économie et de développement des entreprises (IEDEP) de la CCL, l’activité commerciale dans le pays a ainsi augmenté de 9,5 % en 2010. « C’est le secteur ayant accumulé la plus forte croissance au cours des dernières années après celui de la construction », affirme Christian Garay, auteur de l’étude. Entre 2002 et 2010, le secteur commerce a enregistré une hausse cumulée de 80,1 %, contre 147 % pour la construction. De tels résultats font de ce secteur l’un des principaux moteurs de l’économie péruvienne, le Pérou ayant clôturé 2010 avec une croissance de 8,5 %, jalousée sur tout le continent.
Comment expliquer un tel dynamisme ? Selon la CCL, l’expansion du commerce a été provoquée par la hausse des crédits qui ont permis la croissance de pôles d’activité au nord et au sud de Lima et dans de grandes villes de province jusque-là délaissées par les banques. « Le nombre de cartes de crédit approche aujourd’hui les 5,3 millions », précise encore Christian Garay. Conséquence directe de cette hausse des liquidités : les Péruviens se ruent dans les magasins, de plus en plus nombreux et diversifiés dans le pays. En 2010, la vente au détail a augmenté de 13 % et la CCL attend une hausse de 20 % et 15 % des ventes en 2011 et 2012. « Ce secteur est fortement dynamique depuis plusieurs années déjà. Malgré tout, il reste bien loin des résultats enregistrés sur le reste du continent », dit alors Christian Garay. La vente au détail par rapport au commerce total est ainsi seulement de 15 % au niveau national de 27 % à Lima, contre, par exemple, 60 % à Rio de Janeiro (Brésil).
« Ce ne sont pas de mauvais résultats pour le Pérou, mais cela signifie qu’il y a encore une grande marge pour que ce secteur prospère, surtout en province », explique l’économiste. Même constat pour le taux de pénétration des crédits, lui aussi un des plus faibles du continent. « Cela laisse une marge de potentiel très forte », souligne Christian Garay, qui insiste sur l’effet multiplicateur de l’activité commerciale. « Ce secteur représente 14 % du PIB et est une activité intensive en postes de travail, occupant 17 % de la population active, soit 2,4 millions de travailleurs », rappelle l’économiste, convaincu que les résultats du commerce péruvien reflètent l’essor du pays. « La consommation est motivée par la hausse des emplois et celle des crédits, et témoigne de l’optimisme envers le futur. » Selon la CCL, le commerce devrait croître de 7,3 % en 2011. La Banque centrale du Pérou prévoit une croissance du PIB de 6 à 6,5 % et une inflation de 2,5 %. Une nouvelle année d’essor économique que les élections parlementaire et présidentielle, d’avril et juin ne semblent pas en mesure de perturber.