Avant la révolution du 17 février, la France n’arrivait qu’en sixième position (5%) au classement des pays fournisseurs de la Libye, loin derrière l’Italie (25%), la Chine, la Turquie, la Corée du Sud et l’Allemagne. Il n’y avait alors qu’une cinquantaine d’entreprises françaises présentes dans le pays, ce qui était déjà assez peu. Parmi elles se trouvaient de grands groupes tels qu’ADPi (Aéroport de Paris Ingénierie), Airbus, Alcatel-Lucent, Suez, Thales, Total, Veolia, Vinci… À titre de comparaison, la Tunisie comptait près de 1 270 entreprises françaises avant la Révolution du Jasmin.

Avec l’intervention occidentale, l’arrestation, puis la mort de Mouammar Kadhafi, les expatriés sont tous ou presque rentrés dans leur pays et les échanges franco-libyens sont aujourd’hui au point mort. Pourtant, les opportunités d’affaires sont énormes, si l’on en croit Michel Casals, 59 ans, PDG de la société de transport Malissa et surtout président de la Chambre de commerce Franco-Libyenne (CCFL) depuis cinq ans: « Les contrats qui avaient été signés ont été suspendus, mais la plupart des entreprises françaises qui étaient présentes en Libye avant le 17 février souhaitent y retourner. Les chantiers du nouveau Premier ministre sont certes immenses, mais le pays a d’indéniables atouts et possède quand même la troisième réserve de pétrole du continent africain.

De plus, l’environnement des affaires devrait être beaucoup plus favorable aux PME grâce à l’émergence d’un important secteur privé ». Les premiers déplacements de la CCFL dans le pays après l’intervention occidentale – notamment celui effectué avec le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Pierre Lellouche, le 12 octobre – ont mis en lumière un fait évident: la position de la France, qui a fait partie des premiers pays à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) et s’est engagée dans le conflit militaire, est un atout réel pour les entrepreneurs français désireux de s’implanter ou se réimplanter.

Fondée à Marseille il y a quarante ans par Nicolas Boyadjis, président de Sudcargos, la CCFL est aujourd’hui basée à Colombes. Elle compte 102 membres, fonctionne avec un budget annuel d’environ 90 000 euros et compte bien jouer un rôle dans le retour aux affaires des entreprises françaises en Libye. « Notre mission est de faire découvrir la véritable image de la Libye aux entreprises françaises et de rencontrer des Libyens afin de mieux connaître leurs besoins pour reconstruire le pays », explique Michel Casals. « Dans ce pays trois fois plus étendu que la France, tout est à refaire: urbanisme, système bancaire, agroalimentaire, transports, infrastructures, santé… ». Sans oublier l’éducation, puisqu’un tiers de la population libyenne a moins de… 15 ans.

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