
Selon l’Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE), les exportations ont particulièrement chuté en Chine (-7,3%). A quoi est-ce dû ?
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que c’est très compliqué. Qu’on est toujours dans l’imperfection quand on commente des chiffres sur du court terme. Par exemple, au Japon, la taxe sur la consommation qui arrive en échéance en avril a fait très fortement baisser les exportations.
Deuxième élément, quand on compare un trimestre 2014 à un trimestre 2013, on compare deux périodes dans des contextes radicalement différents avec des situations totalement différentes. Il peut y avoir un hiver où l’on consomme moins, alors que l’année d’avant cela ne s’était pas produit après un mauvais Noël…
Enfin troisième élément, que l’on compare des trimestres ou des années, on dispose maintenant de statistiques contradictoires…
Quoiqu’il en soit, avez-vous tout de même quelques éléments d’explications ?
Oui. Nous sommes dans un changement. Nous ne sommes plus dans la crise 2008/2012. Et l’un des éléments très importants de ce changement est la situation chinoise. L’an dernier déjà, les exportations de l’Empire du Milieu avaient commencé à chuter.
On expliquait cette baisse sur le report des ventes de marchandises vers les pays émergeants, et, comme ces pays ralentissent cela pèse sur les exportations. Quand on arrive à des -7,3%, ça ne suffit pas pour expliquer. A un moment, il y a des raisons qui sont intrinsèques à la Chine. C’est la politique monétaire chinoise, à savoir la revalorisation du Yuan. Le défi de la Chine, c’est de sortir de son rôle d’usine du monde de produits bas de gamme pour soutenir une croissance plus équilibrée et ne plus dépendre d’un contexte international.
Donc la baisse des exportations dans les pays du BRICS également chiffrée par l’OCDE (-2,7%) explique la baisse de celle en Chine en partie ?
En effet. Mais quand on arrive à des -7,3%, ça ne suffit pas pour expliquer. A un moment, il y a des raisons qui sont intrinsèques à la Chine. C’est la politique monétaire chinoise, à savoir la revalorisation du Yuan. Le défi de la Chine, c’est de sortir de son rôle d’usine du monde de produits bas de gamme pour soutenir une croissance plus équilibrée et ne plus dépendre d’un contexte international.
Qu’est-ce que cela augure pour la suite ?
Si les Chinois ne sont pas en mesure d’équilibrer cette baisse des exportations, cela va réduire très fortement la croissance économique. Cela pose des petits problèmes si cela diminue tranquillement. Cela pose d’énormes problèmes politiques si ça diminue drastiquement. En dessous de 5% de croissance économique (NDLR : en 2013, la croissance chinoise tournait autour de 7% par an), le système chinois est menacé.
Le Brésil, la Turquie, l’Inde, qui sont des partenaires commerciaux de premier plan pour la Chine depuis 2008, donc leur économie ralentit aussi.
Et qu’en est-il des pays du nord des dites « grandes économies » dont les exportations ont-elles aussi baissé ?
Pour ce qui est de la Russie, je pense qu’il y a une baisse conjointe des exportations et des importations. Je crois qu’il y a l’effet Ukraine en fait. Et, comme le premier partenaire commercial de la Russie ce sont les pays de l’UE, je pense qu’il y a un certain nombre d’entreprises qui face aux tensions créées se retirent progressivement et achètent ailleurs et vendent de moins en moins à la Russie, par méfiance.
Il y a également un effet hiver. L’hiver a été très clément en Europe, donc on a moins consommé que l’an passé où il faisait plus froid. Cela implique moins d’importations et d’exportations d’énergie.
Quelles marchandises finalement sont concernées par cette chute ?
Pour ce qui est de la Russie, il s’agit essentiellement d’énergie.
Les entrepreneurs peuvent alors se reporter par exemple, aux Etats-Unis pour l’achat de charbon. On vend du gaz et du pétrole ailleurs également !
Qui connaît encore un excédent commercial positif finalement ?
L’excédent commercial de la zone Euro se chiffre à 17,1 milliard d’euro. Les pays qui connaissent un excédent commercial, c’est la Belgique, l’Allemagne bien évidemment, l’Irlande qui revient sur le devant de la scène, l’Italie, les Pays-Bas… Depuis plus d’un an, un certain nombre de pays de l’UE connaissent une reprise de leur commerce extérieur.
J’ai lu que c’était parce que la demande intérieur de ces pays-là étant très faibles, les importations ont fortement baissé. Même les pays qui connaissent un déficit commercial comme la France, améliore leur balance commerciale qui se stabilise…
Et, il est intéressant de noter que la plus forte augmentation d’exportations est celle de l’UE avec la Chine. Plus 13% en janvier et février 2014 ! L’UE se repositionne sur la scène internationale…
L’effet UE ?
Il est bien dommage en effet, que lors des élections les citoyens n’ont pas été informés de ces chiffres. Depuis deux ans, la Zone Euro exporte plus en Chine, qu’elle n’importe de Chine. La pénétration des produits chinois a été moindre dans l’UE par rapport à celle des Etats-Unis. Quand on veut des produits pas chers, on va en Tchéquie ! On contrôle mieux la qualité avec les normes UE.
Enfin, l’élément Zone Euro, contrairement aux critiques qu’elle a connu pendant la crise, n’est-elle pas un moteur pour les pays qui en font partie ?
Vous êtes pro Euro, non ?
Je regarde les chiffres, simplement. Sur les 17 milliards d’excédents, il y a de l’emploi derrière ! Et, on voudrait s’asseoir sur cela, à en croire les derniers résultats des élections européennes ? Même s’il y a des problèmes qu’ on a pas réglés, je pense qu’à 28 on est plus forts. Les inégalités se sont lissés en cinquante ans, je l’ai constaté personnellement.