Comment notre nouveau Président provoquera-t-il l’embellie économique que la France attend ?

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 Le duel entre les deux candidats diamétralement opposés a donc pris fin dimanche 8 mai 2017, et l’économie française et mondiale se réjouissent du nouveau Président de la République française. Emmanuel Macron est celui dont le nom fait remonter la bourse, à l’inverse de son adversaire qui l’a faite vaciller par sa possible nomination à l’Elysée… Le suspense n’était pourtant pas des plus haletants, tant la dernière marche du pouvoir semblait inatteignable pour la candidate souverainiste. Mais il faut respecter le principe démocratique quitte à feindre la surprise au moment de l’annonce des résultats. Et ce résultat a rassuré l’ensemble des dirigeants d’entreprise français -ainsi que les investisseurs étrangers- car le projet économique d’Emmanuel Macron, outre le fait qu’il a clairement démontré qu’il le maîtrisait lors du débat d’entre-deux-tours, annonce de profondes réformes, celles que la société française attend depuis une trentaine d’années. Retour sur les premières mesures qu’il a annoncé durant sa campagne.

D’un point de vue macroéconomique, le nouveau Président a prévu pour relancer la croissance tout en redonnant pouvoir d’achat et confiance aux Français, un plan d’investissement de 50 milliards d’euros, intégrant 15 milliards pour la transition écologique, mais également 60 milliards d’économies par an à partir de 2022. Il assume ces économies notamment en promettant une suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, sans préciser toute fois quels seraient les postes supprimés.

 

Son premier chantier d’envergure : la Réforme du Code du travail

 

En tant que nouveau Président des Français, Emmanuel Macron a bien compris qu’il valait mieux rapidement se mettre au parfum et faire face aux inévitables blocages de la rue. Il va donc très rapidement s’engager sur la continuation et amplification de la Loi El Khomri et ce dès le mois de Juillet, l’été restant la meilleure période pour espérer minimiser les manifestations syndicales (et oui les vacances ça a du bon pour tout le monde). Emmanuel Macron veut accorder plus de liberté, de flexibilité aux entreprises en modulant le temps de travail de leurs employés, ce qui fragilise les 35 heures. Pour parvenir à ses fins, le nouveau président de la République a déjà prévenu qu’il réformera le Code du travail par ordonnances…

Concrètement, il s’agit de décentraliser la négociation – y compris sur le temps de travail – au niveau des entreprises ou à défaut, des branches. Indiscutablement, cet épisode réformiste va être le premier théâtre de tension entre une partie de la population et le nouveau Président, un test sur son sang froid et sa fermeté, une évaluation prochaine de sa côte de popularité auprès de l’opinion publique.

Au-delà du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), qu’il veut transformer en allègement de charges pérenne, Emmanuel Macron souhaite réduire l’impôt sur les sociétés de 33,3% à 25%, afin de le ramener à la moyenne européenne. Il compte également supprimer la totalité des charges « générales » au niveau du Smic.

 

Enfin une hausse du pouvoir d’achat ?

 

Impossible pour un nouveau Président de faire l’impasse sur une hausse du pouvoir d’achat et pour cela le nouveau président de la République compte faire disparaître les cotisations maladie et les cotisations chômage payées par tous les salariés, une mesure qu’il entend financer par une hausse de 1,7 point de la Contribution sociale généralisée. Conséquence : un gain net estimé à 500 euros par an pour un salaire de 2 200 euros net par mois.

Ceux qui y perdent dans cette affaire seront les 60 % de retraités qui paient une CSG à taux plein, c’est-à-dire ceux dont le revenu annuel est supérieur à 14 375 euros. Un système de retraite qu’Emmanuel Macron compte bien réformer là aussi à travers l’unification des 37 régimes existants, en supprimant tous les régimes spéciaux et en alignant les conditions du public et du privé.

Il souhaite également rétablir l’exonération de cotisations – patronales et salariales – pour les heures supplémentaires. De plus Emmanuel Macron promet aussi dexonérer 80% des foyers de taxe d’habitation, dans un délai de trois ans.

Enfin, notre nouveau président veut rendre l’assurance-chômage accessible à tous, y compris aux indépendants. Le RSI serait alors supprimé. Il va ouvrir les droits à l’assurance-chômage aux salariés qui démissionnent, droit qui serait utilisable une fois tous les cinq ans. En contrepartie, le versement des allocations sera suspendu après le refus de plus de deux offres d’emploi « décentes ».

 

ISF, capital, prélèvement à la source reporté… les autres réformes à venir

 

Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu était bien parti puisqu’il devait entrer en application début 2018. Mais le nouveau président préfère ralentir cette échéance et prône l’expérimentation avant de décider ou non d’une généralisation de cette réforme. Il s’en est expliqué ainsi : « Avant toute chose, je veux m’assurer que cela ne représente pas une charge indue pour les employeurs. Ma deuxième réserve est psychologique. Je me méfie du jour où le salarié verra sa fiche de paie baisser et pensera qu’on lui a baissé son salaire« .

Autre promesse, réformer « en profondeur » l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en le transformant en « Impôt sur la fortune immobilière ». Tout en luttant contre la « rente immobilière », le candidat veut en effet extraire de l’impôt « la part qui finance l’économie réelle », c’est à dire la possession d’actions ou d’entreprises. Le patrimoine financier et en actions ne sera plus assujetti. Emmanuel Macron veut baisser les impôts de 20 milliards à parts égales pour les entreprises et les particuliers en 5 ans.

 

Comment va-t-il investir les 50 milliards d’investissement ?

 

Durant toute sa campagne, Emmanuel Macron a évoqué un plan d’investissement de 50 milliards d’euros dont 15 milliards pour la formation des chômeurs et jeunes sans qualification. Et, pour relancer l’emploi et lutter contre la précarité, il a aussi prévu l’instauration d’un bonus/malus pour les entreprises abusant des CDD courts, afin de favoriser le CDI. Mesure, dont les contours sont flous, pour l’heure.

Il propose également de consacrer 15 milliards d’euros à la transition écologique. Cela passera par la rénovation d’un million de logements mal isolés ou une prime de 1000 euros pour l’achat d’un véhicule moins polluant, neuf ou d’occasion.

Emmanuel Macron a aussi indiqué qu’il souhaitait organiser « un Grenelle de l’alimentation » au second semestre 2017 pour « réconcilier » les agriculteurs, les consommateurs et les acteurs de l’environnement. Il veut aussi lancer « un programme d’investissement d’avenir agricole » de 5 milliards d’euros sur le quinquennat pour moderniser les exploitations françaises et généraliser « les associations de producteurs« .

 

Renforcer les pouvoirs de l’Europe

 

En européen convaincu, Emmanuel Macron veut que la zone euro dispose d’un budget propre, d’un Parlement et d’un ministre des Finances. Il entend créer un fonds européen de défense pour financer les équipements militaires. Le nouveau président de la République souhaite également contrôler les investissements étrangers en Europe, mais n’a pas encore donné plus de précisions sur cette mesure.

 

 

Il faudra à notre nouveau Président une grande subtilité en terme de communication pour faire accepter la nécessité de ces profondes réformes aux français. Etre à la fois ferme sur la teneur de sa feuille de route réformiste et ne pas passer pour un technocrate abusant du 49.3, sourd aux contestations populaire… au risque de retrouver son adversaire aux prochaines échéances, plus renforcée que jamais.

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