Les investissements directs étrangers (IDE) restent très faibles (2 % du PIB en 2005), mais le gouvernement a l’intention de les doubler d’ici à 2010 grâce à des mesures incitatives. On peut cependant douter qu’il y parvienne devant un certain regain de nationalisme économique. On a vu récemment le patronat japonais faire pression pour limiter la portée du projet de fusions triangulaires par échange d’actions souhaité par la communauté d’affaires étrangère. La présence commerciale française au Japon se renforce.
Le Japon est aujourd’hui le neuvième client de la France et son neuvième fournisseur. En stock d’IDE, la France était, en 2005, le troisième investisseur étranger au Japon avec 11 % du total. Les Japonais, et surtout les Japonaises, vouent une affection certaine à notre pays, dans lequel ils reconnaissent un sanctuaire de l’art de vivre et du bon goût. Cette image traditionnelle explique le succès éblouissant de nos grandes marques de luxe comme Louis Vuitton, Chanel, Hermès et Cartier. Mais l’aspect industriel et technologique de notre pays est encore trop souvent méconnu, en dehors du TGV et du nucléaire (Areva contribue de façon très importante au programme nucléaire civil japonais).
Poursuivre les alliances
Cependant, notre présence se diversifie : pharmacie (Sanofi-Aventis), banque (BNP Paribas, Calyon, Société générale), assurance (AXA), finance (Dexia), mobilier urbain (JCDecaux), eau (Veolia). La haute technologie et la haute industrie françaises commencent à être reconnues grâce aux succès de Dassault Systèmes dans la conception assistée par ordinateur, Thalès international dans les radars, Arianespace dans les satellites, Eurocopter (qui a livré le Super Puma utilisé par l’empereur), Merial en santé animale et bioMérieux dans le diagnostic. L’implantation la plus ancienne est celle d’Air Liquide, qui fête son centenaire cette année, mais la plupart datent des trente dernières années. Mais le maître-mot qui caractérise la relation franco-japonaise est sans doute celui de collaboration ou d’alliances. Lorsque Français et Japonais décident de travailler ensemble, ils accomplissent parfois des miracles qu’ils n’auraient pu imaginer tout seuls.
Nissan, qui avait essuyé sept années de pertes sur les 8 exercices qui ont précédé l’arrivée de Renault dans son capital en 1999, a été redressé en trois ans. L’assureur-vie Nippon Dantai, au bord de la faillite lorsque Axa l’a racheté en 2000, est aujourd’hui, là encore, le groupe le plus rentable de son secteur au Japon et enregistre une croissance à deux chiffres dans un marché en diminution. Aso Cement, cimentier familial du Kyushu sévèrement touché par la crise du bâtiment, a recouvré la santé grâce aux restructurations menées par Lafarge, leader mondial du secteur. Ces alliances franco- japonaises prennent de nombreuses formes, mais elles sont très souvent réussies. C’est le cas d’Evolium, société commune créée par Alcatel et Fujitsu ; de Digital Electronics, équipementier électronique créé par Schneider Electric et Toshiba ; de Calpis Ajinomoto Danone dans l’agroalimentaire ; de Hachette Fujingaho dans l’édition. Total est une partie active du consortium de développement du DME, un carburant révolutionnaire qui remplacera peut-être un jour le diesel.
Exigence de qualité
Le Japon est aussi pour nos entreprises, à bien des égards, une école de perfectionnement. Les entreprises françaises de haute technologie qui ne peuvent espérer rivaliser avec des acteurs locaux au plus haut niveau maintiennent dans l’Archipel des antennes de veille pour y puiser de l’inspiration sur leur propre marché. C’est le cas de l’opérateur de téléphonie Bouygues Telecom, qui a introduit avec succès l’i-mode de NTT Docomo en France. C’est également le cas des constructeurs automobiles Peugeot et Citroën qui, en même temps qu’ils se taillent ici un joli succès de niche, sont à l’écoute des tendances de demain. D’une manière générale, les exigences des consommateurs sont si élevées en termes de qualité et de service que les entreprises françaises y acquièrent une expérience inestimable, dont elles tirent profit sur tous les marchés du monde. Celles qui ambitionnent de rayonner en Asie en particulier constatent toujours qu’une implantation au Japon leur confère une crédibilité à toute épreuve. Cependant, le Japon reste un marché difficile nécessitant des produits innovants, une qualité et un service sans faille, ainsi que de la patience et de la ténacité. Ce n’est pas en principe un marché pour primo exportateurs, mais pour ceux qui ont déjà acquis de l’expérience dans les marchés difficiles d’Europe du Nord ou des États-Unis.
On note aussi une évolution du marché avec le vieillissement rapide de la population. Dans le secteur du luxe, par exemple, le marché a atteint une phase de maturité. Le consommateur s’oriente d’avantage vers les services comme les clubs de remise en forme, les voyages et tout ce qui touche au bien-être, l’ameublement et l’aménagement intérieur. Cela peut offrir des opportunités à nos entreprises si nous savons nous adapter, d’autant plus que la faiblesse du yen rend les investissements moins onéreux, mais réduit par contre les marges lorsque les produits sont fabriqués dans la zone euro. À la Chambre de commerce et d’industrie française du Japon, nous accompagnons depuis 1918 les entreprises qui ont « choisi le Japon ». Chaque jour, nous constatons que notre communauté d’affaires se diversifie dans ses parcours professionnels, ses âges, ses secteurs. En 2008, nous fêterons le 150e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et le Japon et le 90e anniversaire de notre Chambre de commerce. Cela nous donnera un nouvel élan pour réussir au Japon.